24 heures de Cormeilles
2001. Dimanche 6 mai, 16 heures 30
Perché sur le podium
en compagnie de mes équipiers du Team Lapierre
Compétition et dune coupe presque aussi grande
que moi (ou aussi petite diront certains), je savoure
notre victoire tout en présentant mon meilleur
profil aux nombreux photographes présents. Je suis
sur un nuage. Content pour moi bien sûr, mais surtout
pour léquipe qui fut un modèle de
détermination, de clairvoyance et de solidarité
tout au long de la course.
Pourtant, le week-end navait
pas très bien débuté. En faisant
partir en tout début de séance qualificative
notre pilote de pointe (Julien Gobet, le coéquipier
le plus rapide que je nai jamais eu), nous profitons
de la piste libre pour être les seuls à descendre
sous les 104 ce qui déclenche
lire de certains concurrents. Sous prétexte
que Clément Lapierre a récupéré
notre numéro de kart la veille, comme toutes les
équipes venues aménager leur stand le vendredi,
nous sommes illico accusés de tricherie ! Nous
aurions choisi, puis bricolé notre kart ! Rien
moins que ça ! Je suis dérouté par
tant de bêtise puis abasourdi lorsque japprends
que la polémique aurai été lancée
par le stand Air France ! Sans doute sagissait-il
dune blague
Le départ est retardé
dune demi-heure. Nous sommes donc en pôle
et léquipe de la section nest que 26ème
car elle a touché une savonnette (mais nous ny
sommes pour rien les gars !). A noter également
la présence de Pierre-Philippe Gaignault, dit «
PEPS », qualifié au 14ème rang avec
léquipe TCM.
Nous avons la joie de retrouver
sur la grille Keverne qui, sorti une heure plus tôt
de lhôpital après son opération
de la clavicule, a obligé Fabienne à lamener
directement au circuit ! Il sera notre caméraman
et notre mascotte tout au long de lépreuve.
Julien sélance au baisser du drapeau avec
la consigne de faire le trou, ce quil réussit
très bien dans la première partie de son
relais. Puis, la situation se stabilise. Nous ne sommes
pas les seuls à avoir tiré du bon matériel
(15 karts tournerons dans les 103) et
nous comprenons que la course ne sera pas une promenade.
Néanmoins, épargnés par les impondérables,
nous enchaînons nos relais dans le timing prévu.
Au fur et à mesure que les heures passent, nous
profitons même des petits pépins affectant
tour à tour nos poursuivants pour asseoir notre
position. Bref, tout baigne ! Nos adversaires les plus
coriaces sont successivement ABP INFO, FER VITE (qui échangeront
avec nous la tête de la course durant la nuit au
gré des ravitaillements) et les Belges du FKI Racing
venus en nombre (4 équipes) avec une logistique
impressionnante (et un complexe de supériorité
?).
Le dimanche midi, cest
la douche froide. Notre machine rencontre visiblement
des problèmes et notre belle avance fond comme
neige au soleil. Nous décidons de remettre Julien
en piste mais à peine prend-il le volant que la
chaîne casse à lautre bout du circuit
! Une fois la réparation effectuée, nous
avons chuté à la 4ème place à
trois tours des nouveaux leaders du FKI Racing. Il reste
moins de trois heures de course. Clément, notre
Ross Brawn à nous, observe les autres équipes
et adapte notre stratégie. Malgré son long
relais, Julien ne séconomise pas et reviens
rapidement 3ème. Les deux premiers doivent-ils
encore sarrêter ? Lorsque le numéro
14, puis le 18 sengouffrent dans les stands, nous
nous regardons les yeux écarquillés : cest
jouable ! Sur la piste, notre pilote est déchaîné.
Il sait quil doit faire le forcing avant son arrêt
et bat à plusieurs reprises le record du tour.
Pendant ce temps, Fred Cesano se concentre. Tout repose
sur lui maintenant. Quand il repart des stands, IL EST
EN TETE avec 15 secondes davance sur ABP INFO !
A cet instant, jai du mal à réprimer
mon émotion. Mais je dois vite me ressaisir car
il reste une heure à souffrir. Fred maîtrise
la situation mais lécart samenuise
à coup de dixièmes.
Pour tenter de me décontracter,
jobserve le très beau relais queffectue
Florence Jaussaud dont cest aujourdhui lanniversaire.
A 20 minutes de larrivée, je jette de nouveau
un oeil sur notre avance qui nest plus que de 5
secondes, Gloups ! Heureusement, Fred a décidé
de mettre fin à la torture. Il jette toutes ses
forces dans la bataille et la situation ne bougera plus
jusquà larrivée, lécart
variant de 5 à 10 secondes pour se situer à
5,6 sous le drapeau à damier. Les six
premiers sont dailleurs groupés en 4 tours.
Avant de rejoindre la remise des prix, Vito, Didier, Gontran,
Julien, Clément, Fred et moi posons autour du kart
pour la postérité. Le dénouement
fut si tendu que je narrive pas à réaliser
que tout est fini. Ce nest que sur le podium, puis
dans la soirée et même dans la semaine que
je goûterai pleinement à cette belle victoire.
Je remercie toutes les personnes
dAir France mayant témoigné
leur sympathie et leur souhaite de vivre à leur
tour des moments magiques comme ceux-ci. Un seul regret
cependant : pour les raisons que lon sait, Keverne
dut laisser son baquet cette année. Nous gagnerons
avec lui lan prochain ! Quon se le dise !